Le SDECE [13 janvier 2024]
À la sortie de mon stage hélicoptère 4 PH 64 je suis affecté au PMAH de l'EA ABC à Saumur. En fait il s'agit d'un petit terrain d'aviation légère sur la rive sud de la Loire à Terrefort. J'y volerai sur avion Nord 3400 (tripale), Piper L 18C puis L 21, sur Djinn,
et Alouette II. C'est dans cette unité sous les ordres du Cne Garnier, commandant le PMAH, que j'accèderai à ma qualification Djinn, puis au Brevet Supérieur de Pilote Hélicoptère (Dax) et au Stage Chef de bord (Le Luc en Pce) pour finir je serai affecté au stage moniteur 2MH 68, (Dax).
Voici une anecdote particulière : En 1967 je me vois confier la mission d'amener le Chef de l'Ecole de l'EAABC le Général de Division de Galbert, un dès héros des cadets de l'école
qui ont bravement combattu l'armée ennemie sur les bords de la Loire pendant la WWII et qui jouit de ce fait d'un grand prestige. Je dois rallier Paris pour une brève journée et faire le retour avant la nuit si possible. Destination pour moi Les Mureaux en m'assurant
au passage de laisser les deux flèches de Notre Dame de Chartre sur ma main gauche, trajet total 280 km.
Ayant prévenu mon épouse de ce bref voyage parisien alors qu'elle était au travail sur Marseille, elle prévient téléphoniquement son cousin germain, un militaire, qui est affecté à Paris. Celui-ci me propose de me recevoir pour un rapide repas avant de me libérer pour organiser mon retour. Mais voilà un aléa l'oblige à retourner à son bureau et me propose de prendre finalement notre repas au mess des officiers, il est Lieutenant (Légion d'Honneur au titre des sous Officiers chez les parachutistes de l'infanterie de Marine). Arrivés à une austère caserne au lieu dit La Piscine des Tourelles, me voilà au sein des seins, le célèbre SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage. Je suis en tenue de vol, mais pas de souci cela ira comme ça. Comme toutes les vieilles casernes, on commence par traverser une grande cour d'honneur avec son inévitable mât des couleurs avec au fond quelques agrès pour une activité sportive destinés aux militaires du contingent. L'austérité se retrouve dans l'immeuble, couloirs vieillots, parquet grinçant, des portes, et encore des portes de bureaux puis enfin au fond la porte du Chef : le Général Guibaud commandant ce service. Mon cousin y est affecté là comme secrétaire particulier du Général.
Bien sagement et un peu intimidé j'attends dans son bureau. Puis enfin voici l'heure du repas. On marche, on remarche, et nous voilà dans un mess on ne peut plus classique, le passage au bar nous obligeait à cette époque, puis installation à une grande table où je comprends qu'il y a beaucoup de chefs de service (secrets).
Présentation, les officiers me saluent civilement, il y a aussi bien des civils, que des militaires en uniforme.
Je suis assis non loin de mon cousin, mais difficile de se parler, alors j'écoute discrètement. À mon côté gauche se trouve un colonel, qui, le verbe haut s'adresse à tout le monde et il ne
m'oublie pas. Enhardi par sa verve j'ose, et je lui demande qu'est-ce qu'il a comme activité au SDECE ! Question idiote à cet endroit. Il me regarde d'un air amusé, jauge ma "sardine" de Maréchal des Logis, et me répond d'un air goguenard : "Je suis le chef du service auto" ... !
Un colonel pour un service auto, je pense qu'il doit commander un garage de "Rolce Royce". Il me laisse mijoter puis avise ma perplexité et ajoute oui, service auto, j'ai 4500 véhicules
répartis dans le monde entier ! J'affiche un air idiot, mais que voilà un personnage original ; au SDECE c'est sans doute monnaie courante à cet endroit.
Fin de mon histoire ; le Général de Galbert s'en retourne avec moi vers Saumur en prenant soin de bien garder à la main droite les deux flèches de Notre Dame de Chartre et on se pose à Saumur
juste avant la nuit.
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